Marie-Pierre Dieterlé Photographe

Dans le secret des chefferies

Hauts plateaux de l'Ouest Cameroun

La région des hautes terres de l’Ouest appelée aussi les Grassfields se répartit à l’Ouest et au Nord-Ouest du Cameroun et se caractérise notamment par la présence d’une centaine de chefferies traditionnelles établies sur les hauts plateaux volcaniques, riches en savanes ou prairies d’altitude.

Berceau des deux ethnies Bamiléké et Bamoun, l’ouest Cameroun est réputé pour avoir conservé, malgré ses deux colonisations successives allemande puis française, ses arts et traditions populaires si spécifiques dont les chefferies et leurs rois sont les garants. Présentes dès le XIVème siècle, les chefferies bamilékés étaient des micro-états souverains avant la colonisation. En 1960, à l’indépendance, l’État camerounais les reconnaît comme structures traditionnelles chargées d’assister les organismes administratifs dans l’exercice de leurs fonctions.

La chefferie est organisé autour de la figure puissante du roi, le « fo » qui jouit d’un pouvoir de droit semi-divin. Le chef est un descendant de la dynastie fondatrice du village. Mais ce pouvoir est contrôlé par l’existence de sociétés secrètes administratives, religieuses et guerrières. Les rois sont polygames, les reines vivent avec lui dans le quartier des femmes.

L’animisme a conservé tout son rôle et le culte des ancêtres est partie intégrante de la vie traditionnelle. Cette spiritualité plonge ces racines dans la cosmogonie africaine avec un Etre suprème, le « Si », énergie omnisciente dans la nature, et les ancêtres. Ces derniers forment la continuité de l’homme dans le monde des morts et peuvent agir sur le monde des vivants. D’où l’importance des rituels en leurs faveurs. Notamment l’accompagnement d’un défunt comprend plusieurs étapes : la veillée, l’enterrement proprement dit, puis les funérailles, manifestations festives qui se déroulent parfois plusieurs années après la mort. De nombreuses danses effectuées par les sociétés secrètes sont visibles à ces occasions.

The Western Highlands or Grassfields region is located in the west and north-west of Cameroon and is characterised by the presence of a hundred or so traditional chieftaincies established on the volcanic highlands, rich in savannahs or highland grasslands.

The cradle of the two ethnic groups, Bamiléké and Bamoun, West Cameroon is renowned for having preserved, in spite of its two successive German and French colonisations, its very specific popular arts and traditions of which the chieftaincies and their kings are the guarantors. Present since the 14th century, the Bamileke chieftaincies were sovereign micro-states before colonisation. In 1960, at independence, the Cameroonian state recognised them as traditional structures responsible for assisting administrative bodies in the exercise of their functions.

The chieftaincy is organised around the powerful figure of the king, the ‘fo’, who enjoys semi-divine power. The chief is a descendant of the founding dynasty of the village. But this power is controlled by the existence of administrative, religious and warlike secret societies. The kings are polygamous, the queens live with him in the women’s quarter.

Animism has retained its role and ancestor worship is an integral part of traditional life. This spirituality has its roots in African cosmogony with a supreme Being, the « Si », an omniscient energy in nature, and the ancestors. The latter form the continuity of man in the world of the dead and can act on the world of the living. Hence the importance of rituals in their favour. In particular, the accompaniment of a deceased person includes several stages: the wake, the burial itself, and then the funeral, a festive event that sometimes takes place several years after the death. Numerous dances performed by secret societies can be seen on these occasions.