Cité Gagarine
Disparition de l'immeuble mythique d'Ivry-sur-Seine
Construite en 1961 à Ivry-sur-Seine, dans l’essor des constructions sociales de l’après-guerre,la cité Gagarine est devenue un emblème de la banlieue rouge. En 1963, lors d’une visite historique, le cosmonaute Youri Gagarine planta un arbre devant l’imposante façade de briques rouges. La cité a été détruite en 2020.
La cité Gagarine, c’était sept ans après l’appel de l’abbé Pierre suite au terrible hiver 1954. C’était aussi l’époque des Trente glorieuses, ces années qui promettaient au plus grand nombre un avenir meilleur. À l’époque, pour de nombreuses familles, dont certaines issues des bidonvilles, cela signifiait enfin la possibilité de vivre dans des logements décents avec eau chaude, toilettes et chauffage intégrés. C’était les débuts du logement social chargés d’espoir et d’utopie.
Puis, à l’instar de nombreuses cités de la banlieue parisienne, le rêve s’est fissuré.Dans les années 1990, la cité Gagarine est classée en zone urbaine sensible. Ce label de politique urbaine censé donner la priorité à ces territoires est devenu le stigmate d’une ségrégation sociale, économique, géographique. La démolition s’est peu à peu imposée. Il fallait reloger toutes les familles
Les derniers témoins de Gagarine ont accepté de partager leurs souvenirs, de raconter ces années passées dans ces murs, d’évoquer des tranches de vies parfois étalées sur plusieurs décennies, de se remémorer l’entraide entre les voisins, le partage entre les communautés. Et d’évoquer aussi leurs sentiments mêlés. La joie et le soulagement d’un côté de quitter un immeuble déserté et dégradé, et la tristesse de devoir clore un chapitre de leur histoire.
Built in 1961 in Ivry-sur-Seine during the post-war social construction boom, the Gagarin housing estate has become an emblem of the red suburbs. In 1963, during a historic visit, cosmonaut Yuri Gagarin planted a tree in front of the imposing red-brick façade. The city was destroyed in 2020.
The Gagarin housing estate was built seven years after Abbé Pierre’s appeal following the terrible winter of 1954. It was also the time of the Trente Glorieuses, the years that promised a better future for the majority of people. For many families, including some from the shanty towns, it meant the possibility of living in decent housing with hot water, toilets and heating. It was the beginning of social housing, full of hope and utopia.
Then, like many housing estates in the Paris suburbs, the dream cracked, and in the 1990s the Gagarin estate was classified as a sensitive urban zone. This urban policy label, which was supposed to give priority to these areas, became the stigma of social, economic and geographical segregation. Demolition was gradually imposed. All the families had to be rehoused
The last witnesses to Gagarin agreed to share their memories, to recount the years spent in these walls, to evoke slices of life sometimes spread over several decades, to recall the mutual aid between neighbours, the sharing between communities. And to evoke their mixed feelings. The joy and relief of leaving a deserted and run-down building, and the sadness of having to close a chapter in their history.